Mesdames et messieurs, Bienvenue sur le plateau de « Genferei : A la recherche de la nouvelle tare! » Chaque année, vous élisez la plus grande, la plus folle, la meilleure, le nec plus ultra des bisbilles politiques.
Un petit rappel des règles du concours:
Une Genferei, c'est un acte ou un projet :
L'année dernière, par sa défense dévouée des SIG dans l'affaire des éoliennes, Eric Lecoultre du Courrier remportait le droit de remettre la Genferei d'or à Christian Brunnier, directeur des SIG,
Cette année, à qui reviendra la Genferei, mesdames messieurs qui sera la nouvelle tare ?
Et les nominés 2015 de « Genferei, à la recherche de la nouvelle tare » sont :
Le Servette FC et le stade de Genève
Jeanine de Haller, la VIP des apparts carougeois
Eric Stauffer: sa vie, son œuvre
Le carnotzet de luxe des HUG
Un grand applaudissement pour nos défenseurs qui auront la lourde tache de convaincre le jury d'expert de l'excellence de leur Genferei respective.
Un stade mal fichu, trop cher, pas fini, qui tombe en ruine, des joueurs et des fournisseurs qui tardent à être payés. C'est une balle que se renvoie l'Etat, Quennec, la fondation du stade pendant que les créanciers font le mur. Et tout ça pour que l'équipe de Servette rétrograde en promotion league.
Le stade de Genève a trouvé de nouveaux investisseurs, anonymes, qui viennent ce soir présenter un bilan de leurs actions pour remettre à flot les comptes. Voici, dans les grandes lignes, ce qui a été entrepris :
Tout d'abord ils ont fait une demande de soutien financier dans la salle et ont réussi à récolter 300.-, ce qui devrait permettre déjà de payer les salaires pour les 6 prochains mois.
Ils sont ensuite allé plaider leur cause devant la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil avec un but avoué : au final, l'Etat paye tout.
Leur défense était
plutôt mal ficelée, pourtant c'est passé.
Ils ont mis en avant le principe d'utilité publique : dans ce stade, on peut certes y faire du foot, mais également du rugby et des concerts. Tout le monde a été convaincu, à gauche comme à droite. Même si dans les faits,
aucun match de rugby n'y a été joué et pour organiser des concerts, c'est pas pratique si on a n'a pas un hélicpotère pour amener le matériel. Mais il ne faut pas s'arrêter à ces détails pour sauver ce fleuron de l'architècture genevoise, car le sport c'est populaire. Et peu importe si on a construit ce stade pour 3 dates de l'Euro 2008, on a payé 60 millions, pourquoi ne pas payer 2 millions de plus ? il ne faut pas jeter l'argent par la fenêtre.
Et la presse ? dans la poche ! il suffit d'appeler la bonne personne pour avoir un article très gentil dans la Tribune !
Bon, maintenant on se concentre sur le prochain match, contre Puplinge, pour essayer de remonter en 3ème ligue !
En novembre dernier, la conseillère administrative carougeoise d'"A gauche toute !" obtient un appartement de la Fondation du Vieux Carouge. Son dossier passe devant 19 personnes recherchant un 4 pièces dans la cité sarde. C'est que Jannine de Haller est dans une situation particulière : en effet, elle doit quitter son appartement de toute urgence, soit dans les 8 mois qui viennent. Indignations, dénonciations, fuites, démissions, résignations. Une jolie Genferei hashtag communes.
Le 1er juin, j'ai quitté ma mairie Les médias, les partis et puis les élections Je m'voyais déjà, dans ce pti 4 pièces, La fête des voisins, ç'allait être quelque chose C'était sans déviner, l'appétit d'l'entente, |
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Et pis viens Velen, qui a raté l'quorum J'nai pas eu d'chance, quand la presse s'y est mise... UDC, PDC, la gauche et pis tout l'reste J'ai bien malgré moi, quitté ce 4 pièces |
Me v'là dans de beaux draps, sans rien sans personne... |
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Est-il possible de concentrer en une seule personne toutes les qualités que requiert une genferei ? La réponse est oui. A ce titre, il était temps qu'Eric Stauffer concourt à cette élection. Observons qu'il y part avec de meilleures chances qu'au conseil administratif d'Onex, duquel il a dû sortir par la petite porte. Rappelons qu'Eric Stauffer étant candidat aux Etats en automne, une longue carrière d'ambassadeur de la genferei n'est pas à exclure.
Mesdames, Messieurs, avant de commencer et de céder la parole à la véritable avocate de ce soir, je me devais, en tant que membre du barreau, de redresser une terrible injustice. Je tenais à vous prévenir. En demandant à une frouze de plaider l'une des causes de cette genferei, le comité occulte a fait une grave erreur: celle de confier une plaidoirie à quelqu'un qui a la gueule encore plus élastique qu'un Genevois. Donc, désolée d'avance mais je vais gagner! Ou plutôt, Erika va l'emporter. A toi de jouer bella raggaza !
Bonjour je me présente mon nom à moi c'est Erika, mais mon papa il m'appelle «ma petite mère royaume». J'ai du poil au torse (faire le geste) comme mon père et j'habite seule avec maman dans un très vieil appartement de l'autre côté de la frontière. J'ai jamais bien compris comment j'étais venu au monde. C'était y a 5 ans. Je suis arrivée en même temps que le jacuzzi qui est sur le toit de l'immeuble de maman à Ambilly. Papa il l'a fait mettre là parce qu'il y a des méchants qui voulaient pas qu'il le garde sur sa tour à OneX.
De toute façon, les méchants, y font rien qu'à embêter mon papa. Alors que c'est lui le plus fort! avec ses chaînes en or! D'ailleurs, moi quand je serais grande je veux faire de la politique! Comme papa! Même que papa, une fois il a dit: «j'y suis bien arrivé avec tata Poggia et tonton Carlos alors pourquoi pas avec toi!»
Bon j'en étais où? Ah oui, donc je veux faire de la politique parce que depuis que mon papa est entré dans l'arène, c'est devenu un bac à sable. On s'éclate encore plus que dans la cour de l'école enfantine. Par exemple, on peut lancer des bombes à eau en plein Grand Conseil! Si, si, c'est vrai, c'est mon papa qui a lancé la mode. Après y en a plein qui ont fait pareil. Avec des seaux d'eau!! à la Cour des comptes même!
Mais ça, c'était que l'échauffement, parce qu'à l'automne dernier, mon papa, il a réussi à organiser une soirée pyjama avec tous ces copains en uniformes. Ils ont joué au gendarme et au voleur au milieu du Grand Conseil. Saint Francois Longchamp il était pas très content! C'était une histoire d'amendement… Personne a bien compris. Mais, d'un coup, papa, il a bondi de sa chaise. Et il a clamé tel Cyrano: «Je demande à la force publique d'intervenir pour m'expulser. On me verra partir avec des menottes». Après ça, ça a été trop rigolo. Les policiers sont venus. Tonton Carlos il a fait les gros yeux, et il a fait des gestes comme ça à un autre monsieur qui voulait prendre des photos (montrer le geste du couteau sous la gorge)
Depuis, tonton Carlos, on le voit souvent à la télé. Les soirs de conseil Mu-ni-ci-pal. J'ai entendu papa dire que «c'est le premier citoyen de la ville». Ça a l'air vachement important. Et moi, ça me fait trop marrer d'abord parce que c'est tonton qui m'a appris à dire plein de gros mots et puis en plus, je ne comprends rien à ce qui dit. On dirait qu'il a un truc dans la bouche. Une sucette ou une morue…
Bref, cette histoire des policiers qui débarquent au Grand Conseil, ça a été un tel bazar qu'on en a parlé dans tous les journaux. Avec le chocolat et HSBC, c'est grâce à mon papa qu'on entend autant parler de Genève, dans le monde entier. A côté de ça, Pascal Holenweg qui sort ses griffes pour récupérer son siège au Municipal, c'est du pipi de chat. Les gauchos c'est des petits bras, comme y dit mon papa!
Une autre fois aussi, à OneX, papa, il avait sa tête en photo tout partout. Et même, il avait inventé une comptine. C'était super facile à retenir, ça faisait: «Onex ville de progrès: commune zéro frontalier». Bon d'accord, ça ne rime pas et en plus, c'est un petit mensonge quand même. Mais, on s'en fiche, ça claque! Ça a tellement fait le buzz que là encore, ça a dépassé la frontière. Même qu'à Austeen au Texas, ils lui ont piqué son idée en créant des autocollants pour les magasins «réservés aux blancs». C'est rien que des copieurs!
Après tous ses efforts pour que la bêtise genevoise rayonne bien au-delà du Grand Genève, ils ont même pas voulu que mon papa y soit vice-roi du Grand Conseil. Tout ça à cause du monsieur du mazout! Et puis, les électeurs, ils ont pas non plus voulu lui redonner son siège de conseiller administratif d'Onex… Pourquoi que c'est eux qui décident d'abord. C'est pô juste! Du coup, papa au dernier municipal, il est parti en plein milieu, Na! Même qu'en partant bouder, il a tiré la langue à la sorcière, (tirer la langue) «Carol-Ann Kast-tratrice» comme elle l'appelle ma maman.
De toute façon, on s'en fiche, parce que papa, il se présente au Conseil national et au Conseil des Etats-Unis. Même, il va battre Hilary. Alors, votez pour lui! Parce que si ce soir, il ne gagne pas, Maman, elle va encore dire: certains hommes politiques ils laissent une trace dans l'histoire avec l'appel du 18 juin et alors que mon papa, lui, il collectionne les râteaux.
Octobre 2014, la république est en émoi : dans les sous-sols des Hôpitaux universitaires, on découvre l'existence... d'un carnotzet de luxe ! Aménagé dans le secret par l'ancien directeur Bernard Gruson, le boudoir de la discorde est détruit par le nouveau directeur. Un pur gaspillage d'argent sur fond de règlement de comptes entre chefs doublé d'une entropie administrative... Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une Genferei de compète!
Ils nous interprètent une pièce intitulée :
Pierre-François Unger (PFU) se glisse dans un couloir sombre. (On entend « Let's Get It On » de Marvin Gaye en musique de fond) Il s'arrête devant une porte, toque discrètement et prononce le mot de passe…
PFU : - Les tiroirs-caisses sont vides mais la santé n'a pas de prix.
Bernard Gruson (BG) : - Surtout la nôtre... J'arrive, Pierre-François!
PFU (il baise la main de BG): - Salut à toi, Don Gruson. (Il regarde autour de lui) Alors c'est ça, ton nouvel endroit cosy ? (Admiratif) C'est bien, hein. C'est même vachement bien !
BG : - Non mais attend… On est à la pointe, ici ! Il faut bien ça pour le meilleur, le plus performant et le plus génial hôpital de l'univers que JE dirige! Donc, on a vu grand pour ce Centre Administratif de Recherche Nationale d'Observation et de Traitements en Zones d'Etudes Thérapeutiques.
PFU : - Ah ouaiiis, ça veut dire ça CARNOTZET ? Ces Valaisans sont des putains de génie, je compte bien d'ailleurs y aller pour ma retraite. Y'a pas mal d'assureurs qui recyclent la crème de la politique suisse, m'a dit Couchepin.
GB : - Oui : CARNOTZET. (Il commence à faire le tour du propriétaire, PFU le suit) Alors bon, là, t'as un écran plat 540 pouces, full HD, anti-reflets. Attention, hein, c'est de la très haute valeur ajoutée pour tous mes amis les fabuleux praticiens que J'AI engagés. Avec la Playstation, là, ils peuvent jouer à «HUG 2014 » (Jingle Jeux « EA Sports, it's in the game ») . C'est pour s'entraîner à opérer, à faire de la chir' cardiaque, à pratiquer des césariennes en mode «expert» ou «génie».
PFU : (Il montre du doigt un grand espace à côté du bar) - Putaiin le coin cuisine … Démentiel ! Même dans mon futur appart' à La Tulette, j'ai pas ça ! Faut que j'en touche un mot à Chatila.
BG : - Oui, à côté donc, la cuisine : four vitrocéramique à induction Pro Quality. Et là, un frigo américain Emperor Size. On a tiré des câbles, on est couplé avec la morgue juste à côté. Ça a fait des économies d'énergie.
PFU : - Ah l'économie, c'est aussi mon dicastère. Tu sais me parler mon Nanard.
BG : - Je sais. Ici , c'est le coin détente. Poutres et lambris apparents au plafond, fauteuils profonds, table basse, cheminée et lumières douces. C'est une stratégie : être au sous-sol me permet de sentir tout le poids de cette grande administration que je porte sur MES épaules, un peu comme Atlas avec la voute céleste. J'accepte mon sacerdoce, pour que Genève soit le phare de l'humanité scientifique.
PFU : - Oui mais en même temps, le truc c'est d'être à l'aise…Très important ça. Il faut être détendu pour bien travailler. Moi par exemple, j'ai toujours été intensément détendu dans mon travail au Conseil d'Etat.
BG : - Oui... bon… En tous cas, un espace convivial comme celui-ci, c'est essentiel pour moi et tous les amis que J'AI engagés afin de discuter des problèmes médicaux de l'univers avec des grands pontes de médecine. Et puis c'est bien aussi pour négocier les millions que les pharmas nous donnent. Enfin, c'est aussi utile pour se décontracter après le stress du bloc opératoire. La direction générale et moi, son guide suprême, parfois on fait aussi des débriefings avec le staff infirmière.
PFU : (il sort son natel et se prépare à prendre des photos) - Il faut que les autres coincés calvinistes du Conseil d'Etat voient ça, pour qu'ils se rendent compte qu'Unger, il assure le pépère.
BG : - Mais t'es fou ?! Déjà qu'on a hésité à emmurer vivants les ouvriers qui ont construit cet endroit, pour garder le secret.
PFU : - Quoi ?! Ben, pourquoi… ?
BG : - Mais à cause des fuites ! Ces cons des syndicats, qui ne comprennent rien à ma stratégie de diplomatie économique, vont encore gueuler. 'Y font déjà assez chier pour des Portugaises qui passe la serpillère ou des anesthésistes de merde qui se contentent de faire des piqures.
Alors que nous la direction, merde, on sauve des vies et on fait briller Genève!
Et pis bon, je ne te cache pas que la facture du CARNOTZET est un tantinet élevée.
PFU : - Ah… C'est-à-dire?! Déjà que j'ai du abandonner la voiture de fonction des HUG, déconne pas.
BG : - Baaah… 300, 400, 500, 600 milles, je sais plus. Mais attention, hein : c'est pas l'argent des HUG qu'on a utilisé. C'est celui du contribuable.
PFU : - Ah ben tu me rassures, Don Gruson. Parce moi, je dois présenter des comptes des HUG tip-top en ordre. Tout le monde dit que je fous rien. Des conneries ! Cette merveille, c'est sous ma législature qu'elle a été réalisée. Et puis au moins, je ne me fais pas gauler pour une histoire de chiotte comme Mark Muller.
BG : - Oui, oui, t'en fais pas (il tappote la joue de PFU), on a fait passer ça en frais de bouche. Et puis aussi, on reçoit des dons…
PFU : - Mais, heu… Ces dons, à la base, c'était pas pour améliorer le confort des malades, financer la formation, payer des…
BG (il interrompt brusquement PFU) : - Mais bon Dieu, c'est ça qu'on fait, ici !! Regarde ce confort ! Et puis la formation PS4 et infirmières, par exemple, mais on est à fond dedans ! Non, fais-moi confiance Pierre-François. Quand on pense que les rupestres du CHUV ont fait un mini-carnotzet qui ressemble au mieux à une cafèt' minable, alors que nous on a fait du GRAND, du FORT, du MAJESTUEUX !!!
(Sonore / flash info : «Dans le scandale du carnotzet de luxe des HUG, la nouvelle direction de l'hôpital a annoncé qu'elle allait détruire les lieux et les transformer en vestiaires… »)